Transports Publics d’Appoint
2005
Conseil National des Transports (CNT)
Cette fiche présente les Transports Publics d’Appoint, transports publics de moindre capacité qui permettent une desserte plus « fine » et plus « ciblée » sur un nombre restreint d’usagers.
Ces Transports Publics d’Appoint sont évidemment les taxis, mais aussi les « taxis collectifs » existant à l’étranger, les navettes de transport, les véhicules de transport individuel à la demande, les véhicules spécialisés pour le transport des personnes âgées ou handicapées, le covoiturage, l’autopartage1.
Ce sont aussi tous les « transports publics à la demande » de personnes, mais aussi les « portages à domicile », dont un certain nombre d’expériences ont été conduites en France, ou les « navettes de transport » liées souvent à de nouveaux concepts de véhicules tels « Ultra » à Cardiff Bay, « Pieto + » à Amiens, « Diabline » à Aix-en Provence.
Ces Transports Publics d’Appoint sont des compléments indispensables des politiques de réduction de la présence automobile en ville.
Transport public à la demande
Le transport public à la demande est un transport de proximité pour les secteurs ou quartiers peu denses, les zones mal desservies en transport en commun, mais aussi pour assurer un transport de porte-à-porte de personnes âgées, de Personnes à Mobilité Réduite ou de personnes handicapées.
Ce transport public à la demande peut s’étendre sur des aires géographiques assez étendues. A titre d’exemple, le « Taxicar » a été instauré par le Conseil Général de la Haute Vienne en 20042. « Taxicar 87 » est un service de transport à la demande mis en place sur 29 communes comptant 27 700 habitants3. Le projet mis au point dans le cadre du Schéma Départemental des Transports repose sur :
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Une tarification unique fixée à 2 € pour tout le département (soit le double d’un billet de ligne régulière),
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Un partenariat avec les communes dans le cadre d’une charte intercommunale de développement,
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Une centrale de réservation avec un numéro téléphonique unique,
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Le recours à un logiciel d’exploitation,
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Cinq exploitants dont un artisan taxi,
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Une campagne de communication préalable à la mise en œuvre du transport à la demande.
Le portage à domicile
Le portage à domicile4 est un service assurant les liaisons de proximité dans un délai raisonnable et pour un prix modique. L’accompagnement des Personnes à Mobilité Réduite peut s’ajouter au dispositif.
Pour la livraison des courses ou des achats, les clients effectuent leurs courses et les laissent chez les commerçants ou commandent directement par téléphone. Les marchandises sont directement récupérées chez les commerçants, regroupées et livrées ensuite au domicile des clients ou sur leur lieu de travail.
La Ciotat a mis en place le service « Porte à Porte » en juillet 1999, financé à 90 % par la ville et à 10 % par 50 commerçants. Service gratuit pour les clients (2 € pour les commerçants), il a une clientèle constituée à 75 % de personnes âgées.
A 2 € la livraison et 4 € l’accompagnement, « Shopping Aulnay Service » d’Aulnay-sous-Bois effectue depuis mars 2000 environ 300 livraisons et 80 accompagnements par mois, là aussi avec une clientèle composée à 82 % de personnes âgées.
Instauré en mai 2000 à Versailles, « Versailles Portage », partenariat associant la ville et 85 commerçants, effectue en moyenne 800 livraisons et 80 accompagnements de personnes par mois.
Navettes de transport
Initiées par les collectivités (en partenariat avec des sociétés de transport), les navettes transportent les personnes afin de les dissuader de circuler et de stationner en centre ville. Elles sont par ailleurs destinées aux personnes âgées et aux piétons.
Elles permettent de circuler à la carte et de rallier les parcs de stationnement situés aux abords du centre ou en périphérie, ainsi que les stations de transport en commun. Ce dispositif efficace permet aussi de compenser les difficultés de stationner à proximité des commerces. Le service est le plus souvent gratuit pour les détenteurs d’un ticket de parking ou de bus. Ces navettes, qui mettent en synergie l’accompagnement de personnes et le portage à domicile ou à un autre lieu de prise en charge, se sont rapidement développées depuis l’an 2000.
« Pieto +", créé en septembre 2000 à Amiens, accompagne dans le centre ville piétonnier 2000 personnes par mois, à un prix de 0,30 € (service gratuit pour les détenteurs d’un ticket de parking ou de bus).
A Bayonne, des navettes électriques gratuites permettent depuis décembre 2003 d’assurer les liaisons entre le centre ville et les parcs de stationnement aménagés à la périphérie avec une fréquence de rotation de 6 minutes. Les arrêts sont souples pour les Personnes à Mobilité Réduite et les enfants sont déposés dans leur quartier. Ces navettes transportent un millier de personnes par jour sur plus de 4 km. Des prêts de vélos (et de cabas) complètent ce service aux habitants et aux touristes.
Il est à noter que des stewards urbains viennent souvent en appui à ces services de navettes. Ces agents d’accueil itinérants circulant dans le centre-ville ont pour vocation d’assurer l’information des habitants, des consommateurs et des visiteurs. Leurs rôles sont multiples : information des clients et des touristes, liens directs avec les commerçants, aide ponctuelle au portage des paquets, relais avec les services techniques de la ville (voirie et déchets) en cas de dégradations, assistance aux animations commerciales. Ils sont en général identifiables par leur tenue vestimentaire aux couleurs de la ville.
Ce système de navettes utilisé à Bayonne, mais aussi à Bourges, nous vient en fait d’Italie, et notamment de Sienne. C’est une solution pertinente, car elle s’inscrit dans une perspective totale de développement durable et de politique globale de limitation du trafic automobile en jouant simultanément sur des aspects économiques (facilitation du commerce), environnementaux (limitation de la voiture et des nuisances) et sociaux (création d’emplois de proximité) privilégiant ainsi les contacts humains et les synergies créatrices à des interfaces automatisées avec des machines.
Le système de Cardiff Bay est original par sa technologie. Ouvert officiellement en 2004, l’Ultra (Urban Light Transport) est un véhicule individuel électrique, sans chauffeur, qui emmène le voyageur à la destination de son choix. Le module se déplace à 25 km/h sur des rails qui relient différents points de la ville. Le passager l’attrape à un arrêt, sélectionne sa destination et paie 1 £ avec une carte à puce.
La « Diabline » d’Aix-en-Provence, mise en service au printemps 2004, peut transporter sept personnes à une vitesse moyenne de 30 km/h. Véhicule électrique non polluant de fabrication française à plancher bas et pavillon haut, la Diabline est accessible aux Personnes à Mobilité réduite et comporte un espace pour transporter bagages et paquets. De largeur réduite, elle circule aisément dans les rues étroites du Vieil Aix.
Ces quelques exemples ont montré de multiples synergies (accompagnement de personnes, appui aux clients et consommateurs, maintien des commerces de proximité, aide aux personnes âgées, rupture de l’isolement social, réduction du trafic automobile, du bruit et de la pollution, entraide sociale, organisation des flux de livraisons de marchandises, création d’emplois de service, emploi des jeunes) que l’on peut tirer de la subsidiarité entre transport public à la demande et portage à domicile pour développer des Transports Publics d’Appoint. Ces Transports Publics d’Appoint peuvent devenir de véritables transports publics de proximité rentables s’ils sont combinés à des restrictions de circulation et/ou à des réductions de stationnement sur leurs itinéraires et dans les zones urbaines denses.
Ces synergies ne sont évidemment possibles à développer que dans un contexte de volonté politique forte, d’établissement de projets partagés et appropriés par le public, de mise en place de stratégies de promotion, de formation de personnels à ces nouveaux métiers et de mise en place de moyens humains et technologiques.
1 L’autopartage est un système de véhicules utilisables, pour une durée limitée (pouvant être inférieure à l’heure), successivement par plusieurs utilisateurs « autorisés » ou ayant droits. Il s’agit de permettre à des clients de profiter des avantages de l’automobile sans avoir à en posséder une. En échange d’un investissement relativement modeste versé au moment de l’adhésion, une société d’autopartage met à la disposition de ses abonnés, sur simple appel téléphonique, une flotte de véhicules. Une fois par mois, le client reçoit une facture basée sur le taux kilométrique et le taux horaire en vigueur. De façon générale, chaque véhicule mis sous le régime auto-partagé est utilisé par une quinzaine d’usagers. L’autopartage, qui se développe à l’étranger, demeure encore cher et mal organisé en France, donc peu fréquenté par ses utilisateurs potentiels.
2 Transflash n° 300, février 2005.
3 Chiffres de 2005. Pour plus en savoir plus voir Le schéma départemental de l’autonomie de la Haute Vienne
4 Cf. « Le portage à domicile et les nouveaux services du commerce de proximité », plaquette éditée par le PREDIT suite à une étude menée en 2002 par l’Institut du Développement Economique des Cœurs de Villes
Sources
Ce texte est extrait d’Une Voirie pour Tous – Sécurité et cohabitation sur la voie publique au-delà des conflits d’usage – Tome 2 : Exemples et Annexes au rapport du groupe de réflexion, Conseil National des Transports (CNT), 2005, publié par le CNT et La Documentation Française en juin 2005.